Bibliographie

Le livre à lire absolument!

WIESEL Elie, La nuit

 

Ce témoignage qui vient après tant d'autres et qui décrit une abomination dont nous pourrions croire que plus rien ne nous demeure inconnu, est cependant différent, singulier, unique... L'enfant qui nous raconte ici son histoire était un élu de Dieu. Il ne vivait, depuis l'éveil de sa conscience, que pour Dieu, nourri du Talmud, ambitieux d'être initié à la Kabbale, voué à l'Éternel. Avions-nous jamais pensé à cette conséquence d'une horreur moins visible, moins frappante que d'autres abomination. - la pire de toutes, pourtant, pour nous qui possédons la foi: la mort de Dieu dans cette âme d'enfant qui découvre d'un seul coup le mal absolu?

Les autres livres...indispensables...

ANTELME Robert, L'espèce humaine, 1947

Il y a deux ans, durant les premiers jours qui ont suivi notre retour, nous avons été, tous je pense, en proie à un véritable délire. Nous voulions parler, être entendus enfin. On nous dit que notre apparence physique était assez éloquente à elle seule. Mais nous revenions juste, nous ramenions avec nous notre mémoire, notre expérience toute vivante et nous éprouvions un désir frénétique de la dire telle quelle. Et dès les premiers jours cependant, il nous paraissait impossible de combler la distance que nous découvrions entre le langage dont nous disposions et cette expérience que, pour la plupart, nous étions encore en train de poursuivre dans notre corps.                                                                     Avant-propos Editions Tel Gallimard 1957

AYME Marcel, Uranus, 1953

 

Il fallait un courage hors de pair pour oser publier, en 1948, un livre tel que cet "Uranus", brillant et féroce réquisitoire contre la lâcheté et la bêtise humaines. Or, le courage, ce n'était certes pas ce qui faisait défaut à Marcel Aymé.

Il imagine une petite ville provinciale qui sort tout juste de la Seconde guerre mondiale. Les rares collaborateurs qui ne sont pas parvenus soit à retourner leur veste, soit à se réserver des appuis dans les plus hautes sphères ont été liquidés par les FFI. Un seul rôde encore, affirme-t-on, un certain Maxime Loin, un journaliste viscéralement anti-communiste.

 

BOBER Robert, Quoi de neuf sur la guerre ?, 1995

Nous sommes en 1945-1946, dans un atelier de confection pour dames de la rue de Turenne, à Paris. Il y a là M. Albert, le patron, et sa femme, Léa. Leurs enfants, Raphaël et Betty. Léon, le presseur, les mécaniciens, Maurice, rescapé d'Auschwitz et Charles dont la femme et les enfants ne sont pas revenus.  Il y a l'histoire de leurs relations et de leur prétention au bonheur.

 

Dans l'atelier de M. Albert, on ne parle pas vraiment de la guerre. On tourne seulement autour même si parfois, sans prévenir, elle fait irruption. 


DELBO Charlotte, Auschwitz et après, 1970-1977

 

Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu.

LEVI Primo, Si c’est un homme, 1947

 

 

Ce livre est sans conteste l'un des témoignages les plus bouleversants sur l'expérience indicible des camps d'extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l'appartenance des juifs à l'humanité. Le passage où l'auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s'il était transparent et n'existait pas en tant qu'homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l'holocauste a d'abord été une négation de l'humain en l'autre. 

 


LEVI Primo, La trêve, 1963

 

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, un groupe de prisonniers italiens libérés par les Russes entame une longue marche de plusieurs mois pour rejoindre leur terre natale. " Accompagnés " par l'Armée rouge dans une réjouissante pagaille, se retrouvent pêle-mêle héros et traîtres, paysans et voleurs, savants et nomades : autant d'hommes qui redécouvrent, émerveillés, la vie, le monde, la forêt, les filles, sans oublier l'art du trafic pour subsister....

LEVI Primo, Les Naufragés et les rescapés, 1986

 

 

C'est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau : c'est le noyau de ce que nous avons à dire. " Primo Levi (1919-1987) n'examine pas son expérience des camps nazis comme un accident de l'histoire, mais comme un événement exemplaire qui permet de comprendre jusqu'où peut aller l'homme dans le rôle du bourreau ou dans celui de la victime. Quelles sont les structures d'un système autoritaire et quelles sont les techniques pour anéantir la personnalité d'un individu ? Quel rapport sera créé entre les oppresseurs et les opprimés ? Comment se crée et se construit un monstre ? Est-il possible de comprendre de l'intérieur la logique de la machine de l'extermination ? 


LEVI Primo, Le devoir de mémoire, 1997

 

A la faveur d'une approche anthropologique des comportements en vigueur dans les camps nazis, Primo Levi reprend, en les élargissant, les thèmes déjà abordés dans l'essentiel de ses écrits. Il insiste notamment sur la différence entre l'œuvre du témoin et celle de l'écrivain. 

L'auteur de Si c'est un homme nous offre une leçon exemplaire de lucidité. 

SARID Yishaï, Le monstre de la mémoire, 2020

 

Un historien israélien, spécialiste des processus d’extermination pendant la Shoah, devient guide des camps de la mort, accompagnant des groupes de lycéens dans leurs visites imposées au cours de « voyages de la mémoire ». Cette expérience, doublée de sollicitations diverses autour des différentes formes que prend l’entretien officiel de cette inflammable mémoire, entame progressivement et profondément son rapport au monde et aux autres.

Sur l'échec de la transmission de l'histoire, un corps à corps explosif avec des questionnements vertigineux, aussi intimes que politiques.

SEMPRUN Jorge, L'écriture ou la vie

Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les troupes de Patton, le 11 avril 1945. L'étudiant du lycée Henri lV, le lauréat du concours général de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa mort. Un temps, il va croire qu'on peut exorciser la mort par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou un document. Mais il a composé une œuvre d'art, où l'on n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est qu'à quelques pas de Buchenwald.

VERCORS, Le silence de la mer, 1944

Poussant la sobriété aussi loin que possible, Vercors met en scène la résistance passive et muette qu'un homme et sa nièce opposent à l'envahisseur, représenté ici sous les traits d'un officier allemand ayant réquisitionné une chambre chez eux. Werner Von Ebrennac, musicien cultivé, élégant et extrêmement civilisé, croit en la fraternité des peuples et pense qu'au sortir de cette guerre.

WERTH Léon, Impressions d’audience, 1945

 

En 1945, Léon Werth (1878-1955), fut l'envoyé spécial de la revue Résistance (journal créé à Paris à la fin de l'année 1942 par Jacques Destrée, chef du "mouvement d'opposition au régime de Vichy et au nazisme",) pour couvrir ce procès, aux côtés d'autres journalistes tels Joseph Kessel pour France-Soir, Jean Schlumberger pour Le Figaro, Jules Roy, etc.). Ses chroniques quotidiennes portent bien leur nom : « Impressions d'audience ».